La femme en culotte ! C'est-à-dire la femme de demain.
Singulière nouveauté, allez-vous dire !
Est-ce que, de tout temps, la femme ne porte pas culotte ; est-ce que, de tout temps, elle ne montra pas des qualités viriles ; est-ce que, souvent même, elle ne se leva pas — telle Jeanne d'Arc — pour accomplir l'œuvre de l'homme, réduite à l'état d'impuissance ?
Et l'on se rappelle, alors, maint fait historique, maint épisode caractéristique, souvent même un simple dialogue de philosophe ou de crayonneur.
Telle la légende placée au-dessous d'une image du « Journal Amusant » et datée de 1892 :
« — Bonjour, chère, vous arrivez de Paris : qu'allons-nous porter cet hiver ?
« — Mais comme toujours, ma chère,»
Voilà donc qui est entendu. De toute antiquité, la femme a porté culotte…, au figuré du moins.
Et dans la réalité, à toutes les époques, il se trouve des femmes qui, dans un but quelconque, revêtirent des habits masculins, de même qu'il y eut toujours des catégories d'hommes qui portèrent la robe : magistrats, professeurs, ecclésiastiques .
À femmes culottées, hommes enjuponnés. Seulement, tandis que ces dernières constituantes des classes sociales bien tranchées, les femmes, elles, ne sont jamais venues que des individualités multiples, appartenant aux mondes les plus différents :
Impératrices et reines, soldats, poètes, grandes dames, femmes excentriques, voyageuses, femmes de lettres, femmes politiques, peintres, actrices ; culottées de tout rang, de tout grade, de toute espèce, défileront ainsi en ces pages, par la plume et par le crayon.