Jean-Paul Belmondo aura incarné jusqu'au bout une certaine jeunesse, à la fois
désinvolte et rebelle, le charme talentueux, l'art et la légèreté. Des
chefs-d'oeuvre à n'en plus finir : À bout de souffle, Léon Morin, prêtre, Le
Voleur, Un Singe en hiver, Pierrot le Fou, Classe tous risques. Certes, depuis
un matin ensoleillé du mois d'août 2001, il n'avait plus été tout à fait le
même. Comme si sa vie s'était interrompue une première fois. Mais il restait
présent, vivant, fidèle à son image impérissable. Au bout d'un interminable
intermède, il a emporté avec lui cette élégance qui fut sa deuxième peau, dans
le drame ou la comédie. Et tout ce qui en faisait à nos yeux bien plus qu'un
acteur. Belmondo. Comme une marque de fabrique. Toute son histoire le raconte.
Le temps, qui efface tout, fera peut-être oublier que, d'Itinéraire d'un enfant
gâté aux Misérables en passant par Week-end à Zuydcoote, Cartouche, L'Homme de
Rio, L'Héritier, Borsalino, Le Professionnel, L'As des as, il a été une Comédie
humaine à lui tout seul et cinquante ans durant l'homme du XXe siècle, et encore
celui du XXIe balbutiant. L'acteur lumineux, celui qui pouvait tout jouer, faire
rire et pleurer, s'estompera peut-être, jusqu'à ne devenir qu'un souvenir. Ne
s'effacera jamais, quoi qu'il arrive, Belmondo, le personnage, mythe ancré dans
le granit de nos mémoires, impassible pour une fois, arrimé à notre histoire,
celle de nos parents, de nos enfants et de leurs enfants à venir.
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